Toespraak Bart De Wever - AKT for Wallonia

*** Deze toespraak werd in Limelette op 9 september 2025 in het Frans gehouden tijdens het lunch-debat van AKT for Wallonia. Alleen het gesproken woord telt.***
Mesdames et Messieurs,
Je suis très honoré d’avoir été invité à prendre la parole devant vous, cet après-midi. Mais je dois vous avouer que cette invitation ne m’a absolument pas surpris !
Le slogan « Pour une Wallonie prospère » est en effet tout à fait approprié ici. Le hasard des choses fait que c'était aussi le slogan d'un certain parti politique lors des dernières élections fédérales. Vous savez bien lequel, sinon vous pouvez sans doute le deviner.
AKT met tout en œuvre pour « Entreprendre ensemble, pour une Wallonie prospère et durable ». Voilà une formule qui me tient particulièrement à cœur.
Si j’ai retenu quelque chose de mes douze années en tant que bourgmestre d’une ville commerçante et portuaire internationale, c’est que l’intérêt commun va en général de pair avec l’intérêt des entrepreneurs.
Plus encore, c’est souvent en se mettant au service des entrepreneurs que l’on sert au mieux l’intérêt général. Et j’espère que je l’ai fait à Anvers avec des résultats. Anvers s’est libérée des dettes historiques. La ville a pu baisser les impôts. Et le taux d’investissement a fortement augmenté, avec des modernisations d’infrastructures énormes comme conséquence.
Il est donc naturel à mes yeux que je vous rencontre en qualité de Premier ministre. Pour prononcer un discours, mais aussi et surtout pour vous écouter et vous convaincre d’une chose : je suis là pour vous.
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Mesdames et Messieurs,
Je suis séduit tant par le public que par les lieux. Vous serez en effet étonnés d’apprendre que j’ai pratiqué un sport de raquette. Pas du padel ou du tennis. Mais bien du badminton !
J’y ai joué quand j’avais une vingtaine d’années avec l’un de mes bons amis, un francophone anversois d’ailleurs. Mais comme je perdais à chaque fois, j’ai décidé de prendre des cours en cachette. J’ai un côté très compétiteur !
Après quelques mois d’entrainement intensif, j’ai atteint le sommet de mes capacités. Je me suis imposé largement contre mon ami et puis, j’ai perdu l’envie de jouer.
Mais j’ai quand même gardé quelque chose de mon aventure de badminton, si je puis dire, puisque c’est dans le club que j’ai rencontré mon épouse, aux abords des terrains. Les courts de tennis me ramènent donc toujours à cette époque.
D’ailleurs, en tant que bourgmestre, j'ai fait venir le European Open à Anvers en 2016. À partir de cette année, ce tournoi sera organisé à Bruxelles. C'est probablement une coïncidence, mais on dirait que le tennis me poursuit !
Je suis donc très heureux que notre rencontre ait lieu ici, dans les installations de Tero. Je tiens à remercier de tout cœur Nicolas Lhoist et Justine Henin pour leur accueil.
Chère Justine, dans le monde du sport on peut observer une constance, presque une loi. Les sportifs de haut niveau, quelle que soit leur discipline, se distinguent après leur carrière sportive par deux choses : ils s'engagent pour des causes caritatives et se lancent dans l'entrepreneuriat. Vous ne faites pas exception à la règle et cela mérite vraiment tous nos éloges.
Le sport de haut niveau, c’est apprendre la discipline, la persévérance, à mieux se connaître, le dépassement de soi, le respect et le travail en équipe. Toutes des qualités requises pour entreprendre.
Contrairement à un sportif de haut niveau par contre, une fois au sommet de son art, un entrepreneur ne peut pas compter sur les applaudissements nourris du public.
Selon une opinion qui a la dent dure dans certains milieux, les entrepreneurs seraient des « exploiteurs » et constitueraient les « boucs émissaires de la société ». Je cite l'ancien président du Vlaams Economisch Verbond, Robert Stouthuysen.
Aujourd’hui, dans ces mêmes cercles, d’aucuns parleront avec mépris des « super riches ». Ces personnes n’ont certainement aucune idée de ce que signifie être entrepreneur. Et ne comprennent pas non plus les énormes risques et responsabilités que cela implique.
Sans entrepreneur, plus le moindre soupçon de société. Nos entreprises constituent les fondements de notre prospérité. Elles sont le ciment de notre communauté. Le moteur de notre progrès.
Les intérêts de nos entreprises sont dès lors la force motrice de notre accord de gouvernement. Car, dans notre politique de réformes, les besoins des entrepreneurs occupent une place centrale. Nos réformes sont aussi profondes qu’indispensables.
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Mesdames et Messieurs,
L’année prochaine, nous « célébrerons » le vingtième anniversaire du dernier budget fédéral en équilibre.
En 2006, ce résultat a été obtenu à la suite d’un « dopage budgétaire » pour reprendre les mots du Tijd. Nous en payons toujours le prix aujourd’hui.
C’est pourquoi plus que jamais, nous devons agir en bon père de famille.
Le gouvernement fédéral envisage de remettre le budget sur de bons rails et de réaliser les réformes socio-économiques indispensables. Ces mesures permettront d’enfin redresser le déficit budgétaire et de reprendre le contrôle de notre taux d’endettement.
Ces six derniers mois, le gouvernement fédéral a pris des décisions difficiles et brisé des tabous qui étaient au centre des discussions depuis longtemps – depuis trop longtemps.
L’accord de Pâques et l’accord d’été comportent de nombreux volets. Je ne vais pas vous ennuyer en les énumérant un à un, mais voici trois priorités claires : renforcer notre marché du travail, assurer la viabilité financière de notre sécurité sociale et redynamiser notre économie.
Tour d’abord, notre priorité absolue : tout le monde au travail
Notre marché du travail doit gagner en robustesse et en résilience. Notre taux d’emploi est inférieur à la moyenne européenne. Et bien en deçà de l’objectif de 80 % fixé pour maintenir notre économie saine et résiliente. Le problème n’est pas neuf, mais il nous pose de plus en plus de difficultés.
C’est pourquoi nous avons enfin limité le chômage dans le temps, nous rendons les flexi-jobs plus attractifs, nous levons l’interdiction du travail de nuit, nous étendons le travail étudiant et nous améliorons la flexibilité du travail à temps partiel. Toutes des décisions qui permettront progressivement d’activer les citoyens et de les aider à trouver un emploi.
Dans le même temps, nous veillerons, à l’aide de la réforme fiscale, à ce que les personnes qui travaillent gagnent au moins 500 euros nets de plus que celles qui ne travaillent pas en 2029.
La deuxième grande priorité de notre politique de réformes est d’assurer la viabilité financière de notre sécurité sociale.
La réforme des pensions va définitivement redistribuer les cartes et permettra de réduire à terme drastiquement le coût du vieillissement.
D’après le Comité d’étude sur le vieillissement, à vitesse de croisière, nous réduirons la facture du vieillissement de 2 à 2,5 % du PIB.
Dans le secteur de la santé aussi, un vaste chantier nous attend : un meilleur accompagnement et suivi des travailleurs en incapacité, ainsi qu’une activation maximale des malades de longue durée. La Belgique compte autant de malades de longue durée que l’Allemagne
C’est pourquoi nous préparons actuellement un plan cohérent afin de mieux exploiter le potentiel de travail des personnes en incapacité de longue durée. Les organismes assureurs, les médecins et les employeurs – à l’exception des PME – font partie de ce plan. Chacun devra assurer ses responsabilités.
Enfin, notre troisième grande priorité est de rendre notre économie plus attractive.
Nos entreprises ont besoin d’oxygène. C’est pourquoi d’autres grands chantiers se concentreront sur les coûts salariaux, le maintien d’une facture énergétique abordable ou encore la sécurité juridique.
Et nous conservons aussi une vue d’ensemble. En mai, nous avons lancé la plateforme interfédérale MAKE 2025-2030, au sein de laquelle les autorités fédérales, les régions et les différentes fédérations sectorielles s’engagent en faveur de la vitalité économique de notre industrie.
Je suis heureux qu’AKT en fasse partie et que Frédéric Panier soit également à table. Car notre industrie n'est pas une relique du passé, mais bien la clé d'un avenir prospère.
Le gouvernement fédéral est donc bien conscient des besoins de nos entreprises.
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Mesdames et messieurs,
Je déplore que nos réformes aient parfois été accueillies avec une certaine méfiance, surtout dans le sud du pays. Certains leaders d'opinion francophones véhiculent la crainte d’une « flamandisation » de la politique.
C’est principalement la limitation du chômage dans le temps qui a été dépeinte comme une mesure « flamande ». Je sais que ce n’est pas votre avis parce que j’ai face à moi un public averti en matière d’économie. Mais je souhaite quand même profiter de l’occasion pour préciser que « Pour une Wallonie prospère » n’était pas un slogan vide de sens, mais bien le fil conducteur sous-jacent de la politique menée par mon gouvernement fédéral.
Venons-en aux faits : les réformes de ce gouvernement représentent avant tout une énorme opportunité pour le marché du travail wallon et pour les entrepreneurs wallons qui leur permettra d’attirer des investisseurs et de croître.
J’ai mentionné à titre d’exemple le taux d’emploi en Belgique, qui est aujourd’hui de 72,6 %. En Flandre, nous nous approchons de l’objectif européen de 80 %, puisque le taux d’emploi s’élève actuellement à 77,9 %. L’objectif d’atteindre ces 80 % est donc à notre portée.
En Wallonie, le taux d’emploi est désormais de 66,8 %. Un fossé impossible à combler à première vue, mais n’oublions pas que le taux d’emploi en Flandre était encore sous les 70 % il y a 25 ans.
Selon les dernières prévisions du Bureau fédéral du plan, nos mesures permettront une hausse du taux d’emploi wallon de près d’un point de pourcentage de plus qu’en Flandre ; la barre des 70 % sera dès lors largement atteinte d’ici 2030.
La marge de progression est plus importante en Wallonie, où l’activation de la population passive au chômage ou en arrêt maladie offre le plus grand potentiel aux entreprises.
La croissance économique se profile donc à l’horizon des prochaines années. Selon le Bureau fédéral du plan, elle sera toujours légèrement plus importante en Flandre qu’en Wallonie. Et la raison est claire : le secteur public wallon reste tout simplement trop vaste.
Heureusement, une majorité des citoyens wallons ont compris que la croissance de la prospérité et la gestion en bon père de famille des affaires publiques sont à la base d'une administration responsable. L'année dernière, la Wallonie a clairement voté en faveur du changement. Un changement qui assure une cohérence entre le niveau régional et le niveau fédéral.
La coopération régionale et interfédérale est mon cheval de bataille. La concertation trilatérale avec les ministres-présidents Dolimont et Diependaele n’est pas à mes yeux que le signe de la reconnaissance de l’importance de nos régions.
Il s’agit pour moi également d’une forme de respect pour les économies et les entreprises qu’elles représentent. Ce n'est pas un hasard si la Flandre et la Wallonie sont, l’une pour l’autre, les principaux partenaires commerciaux.
De nombreuses entreprises, y compris des PME, qui constituent l'épine dorsale de notre économie, sont actives dans les deux régions. Des entreprises comme Tero montrent d'ailleurs l'exemple à suivre dans ce domaine, et je suis persuadé que nombreux d'entre vous entretiennent des relations fructueuses en Flandre.
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Mesdames et Messieurs,
Le commerce crée des ponts entre les communautés. La meilleure chose que peut espérer la Flandre est une Wallonie forte et prospère. Ensemble, nos régions peuvent se compléter, se stimuler et s’aider à se développer.
La Flandre et la Wallonie viennent de loin.
La Wallonie est le berceau du développement industriel sur le continent européen. Cette industrialisation a gravé notre identité dans le marbre, de même que l'esprit d'ouverture et de libre-échange qui caractérise historiquement nos régions.
Aujourd’hui, certains estiment qu’il est déplacé de parler de « prospérité ». À leurs yeux, la « prospérité » est un vilain mot qui rime avec inégalité et oppression. Mais rien n’est moins vrai. Regardez d’où vient ma région !
Au milieu du dix-neuvième siècle, près de la moitié des Flamands vivaient de l’aide sociale. Des dizaines de milliers de personnes mouraient de faim. Les prisons étaient surpeuplées de mendiants qui venaient y trouver des repas réguliers. La moitié des Flamands mourait de maladies infectieuses. La malaria était encore une maladie endémique.
C’était l’époque de la « Pauvre Flandre », comme le décrit August De Winne dans le quotidien « Le Peuple » pour inciter les francophones à la pitié.
Au début du vingtième siècle, le Mouvement flamand a connu une évolution puisque les amateurs de culture ont peu à peu fait place à des économistes et des industriels. L’économiste bruxellois Lodewijk De Raet a décrit leur ambition en utilisant des mots forts : les Flamands devaient « s’occuper méthodiquement de leurs intérêts matériels ».
De Raet était tout à fait conscient que la prospérité était le socle d’une communauté forte. Et de nombreux industriels comme Leo Meert et Lieven Gevaert abondaient dans son sens.
Mes convictions politiques reposent sur cette idée. Voilà pourquoi je vous tends la main, pour qu’ensemble nous nous « occupions méthodiquement de nos intérêts matériels ». Pour que nous revenions à l'essentiel et que nous investissions dans la croissance économique.
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Mesdames et Messieurs,
Je voudrais conclure en évoquant brièvement mon souhait de coopération étroite au sein du Benelux.
Je sais qu’en Wallonie, cette ambition fait froncer de nombreux sourcils ; et je comprends bien pourquoi.
Mais ne vous méprenez pas : mon attachement aux Pays-Bas historiques n'est pas un rêve romantique. C'est une conviction mûrement réfléchie.
La semaine dernière, aux Pays-Bas, j'ai ressorti une citation de Charles Rogier, que vous connaissez bien. En 1866, lorsqu'il est revenu sur la Révolution belge, il a écrit : « On pouvait encore créer une union tellement intime que, malgré l'existence de deux trônes et de deux dynasties, il n'existât en quelque sorte qu'une séparation administrative entre les deux pays. »
« Une union intime » uniquement divisée par « une séparation administrative ». Rogier décrivait ni plus, ni moins que le concept de confédération.
Je ne veux pas évoquer ici les structures de l’État, mais l'idée d'une « union intime » entre les pays du Benelux illustre bien l’opportunité d'approfondir nos relations commerciales, de renforcer notre croissance économique et de développer notre leadership politique au sein de l'Union européenne.
Je veux donc qu’il soit bien clair que, pour moi, la Wallonie fait pleinement partie de cette vision. Les intérêts wallons et les besoins des entrepreneurs wallons doivent être défendus et respectés au même titre que ceux des autres acteurs de cette “union intime”.
Outre la coopération économique accrue au sein du Benelux, la Belgique entretient également des relations commerciales intenses avec ses pays voisins, l’Allemagne et la France. Là aussi, nous visons une intégration renforcée afin de promouvoir un commerce libre et équitable. Il y a beaucoup à gagner.
Car le résultat sera une concurrence de plus en plus loyale, davantage d’investissements, une productivité accrue, un pouvoir d’achat renforcé et une consommation plus élevée.
La Flandre et la Wallonie sont la preuve que ce lien solide permet de tisser une relation économique durable. Dès lors, dans l'intérêt de nos entreprises, je continuerai à plaider en faveur d'une coopération économique plus poussée. D’abord au sein du Benelux, et ensuite au sein de l'Union européenne et avec des pays tiers, comme par exemple l’Amérique du Sud ou l’Inde. Les opportunités sont là !
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Mesdames et Messieurs,
Élargir les marchés. Offrir des opportunités de croissance aux entreprises. Récompenser le travail. Valoriser l’entreprenariat.
Voilà les piliers de ma politique, pour lesquels je souhaite pleinement m’investir au cours des prochaines années.
Mais je n’y arriverai pas seul. La route devant nous s’annonce escarpée. Je compte sur votre engagement pour me permettre de garder le cap. Pour me conseiller. Car l'intérêt de nos entreprises est pour moi la voie la plus rapide vers la prospérité du plus grand nombre.
Je vous remercie.